Les textes de A L'OMBRE DU VINGTIÈME SIÈCLE

 

A L’OMBRE DU VINGTIÈME SIÈCLE.

 

ACTE I, scène 1

 

TEXTE 1 : Si l'on cherche comment, dans son immense majorité, l'opinion allemande interprète l'ar­mistice du 11 novembre 1918 et la paix de juin 1919, on se trouve en face de la version suivante : l'Allemagne n'a pas été militaire­ment vaincue; elle n'a pas été envahie. L'uni­vers était ligué contre elle; c'est pourquoi elle a demandé un armistice; les conditions mises par les Alliés à l'armistice ont été cependant draconiennes; l'Allemagne aurait pu les repousser et reprendre la lutte; mais à ce moment, les sociaux-démocrates, les marxis­tes, les juifs ont porté à la patrie un coup de poignard dans le dos*. Les Alliés ont imposé à l'Allemagne une paix non librement négo­ciée mais dictée, un Diktat, ils l'ont contrainte à se reconnaître coupable de la guerre.

 

D'après André-François Poncet (ambassadeur de France à Berlin), De Versailles à Potsdam, Flammarion, 1948.

* Allusion à la révolution spartakiste

 

 

TEXTE 2 : Ma mère nous ressassait qu'une paix infamante avait causé l'écartèlement du pays. Nos parents se plaignaient sans cesse de l'appauvrissement de l'Allemagne. Ils imputaient cela aux réparations que notre pays devait payer à nos ex-ennemis. On comptait 6 millions de chô­meurs. Mais on ne parlait pas des conséquences de la grande dépression économique. Tous nos malheurs venaient, disait-on, du “ désastre national ” de Versailles. Les adultes s'insurgeaient contre les querelles confuses qui avaient lieu au Reichstag [Parlement]. On entendait sans cesse répéter que l'une des raisons de ce triste état de choses était l'influence grandissante des Juifs. Les nazis promirent de supprimer le chômage et la misère de 6 millions d'habitants et je les crus.

 

D'après Mélita Maschmann, Ma jeunesse au service du nazisme, Plon, 1967.

 

 

TEXTE 3 : Les événements qui se produisaient dans le domaine public et sautaient aux yeux étaient presque les plus inoffensifs. D'accord: les partis disparaissaient, ils étaient dissous. Les hommes dont on avait le nom sur les lèvres, dont on avait lu les livres et commenté les discours, disparaissaient soit à l'étranger, soit dans les camps de concentration. Au cours de l'été, les jour­naux publièrent la liste de trente ou quarante noms parmi les plus connus de la littérature et des sciences : ceux qui les portaient étaient déclarés “ traîtres au peuple ”, déchus de leur nationalité, bannis [ ... ] .

Les nazis nous tenaient à leur merci. Nous étions tra­qués jusque dans les recoins de notre vie privée. Je compris que la révolution nazie avait aboli l'ancienne séparation entre la politique et la vie privée. Elle ne se produisait pas seulement dans le domaine politique, mais tout autant dans la vie de chaque individu; elle agissait comme un gaz toxique qui traverse tous les murs. La seule solution était l'exil.

 

D'après S. Haffner, Histoire d'un Allemand, Souvenirs (1914-1933), éditions Actes Sud/Babel, 2004.

  

 

TEXTE 4 : Cher Martin, Je suis bouleversé par l'afflux de reportages sur ta patrie qui nous parviennent. Comme ils sont assez contradictoires, c'est donc tout naturellement vers toi que je me tourne pour y voir plus clair. Je suis sûr que les choses ne vont pas aussi mal qu'on veut bien le dire. Notre presse s'accorde à parler d'un - terrible pogrom ”. Qu'en est-il ?

Je sais que ton esprit libéral et ton coeur chaleureux ne pourraient tolérer la bruta­lité, et que tu me diras la vérité. Le fils d'Aaron Silberman vient tout juste de rentrer de Berlin et il parait qu'il l'a échappé belle. Il raconte sur ce qu'il a vu – les flagel­lations, le litre d'huile de ricin forcé entre les lèvres et les heures d'agonie consé­cutives par éclatement de l'intestin – des histoires affreuses. Ces exactions pourraient être vraies, et elles pourraient en effet n'être que le résidu malpropre d'une révolution par ailleurs humaine – “ l'écume trouble ”, comme tu dis. Malheu­reusement pour nous, les Juifs, la répétition ne les rend que par trop familières, et je trouve presque incroyable qu'on puisse, aujourd'hui, au sein d'une nation civi­lisée, faire revivre à nos frères le martyre ancestral. Écris-moi, mon ami, pour me rassurer sur ce point. (…)

Pardonne-moi, mon ami, pour la brièveté de ma lettre et l'absence de liberté d'esprit dont elle témoigne, mais je n'aurai pas de repos tant que tu ne m'auras pas rassuré. Je sais que tu m'écriras en toute honnêteté. Je t'en prie, fais-le vite. C'est haut et fort que je proclame ma foi en toi et mon amitié pour toi et les tiens.

Ton fidèle, Max.

 

Kressmann Taylor, Inconnu à cette adresse, 1938, Autrement, coll. “ Littératures ”, trad. Michèle Lévy-Brant, 2002. p. 23-24.

 

 

ACTE I, scène 2

 

TEXTE 5 : Français!

À l'appel de M. le président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l'affec­tion de notre admirable armée, qui lutte dans un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes; sûr que, par sa magnifi­que résistance, elle a rempli ses devoirs vis-à-vis de nos alliés; sûr de l'appui des anciens combattants que j'ai eu la fierté de comman­der, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.

En ces heures douloureuses, je pense aux mal­heureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat.

Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire, pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.

Que tous les Français se groupent autour du Gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur Foi dans le destin de la Patrie.

 

Philippe Pétain, Discours aux Français du 17 juin 1940.

 

 

TEXTE 6 : Les chefs qui, depuis de longues années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gou­vernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infini­ment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

Mais le dernier mot est-il dit? L'espérance doit-elle dispa­raître? La défaite est-elle définitive? Non! [ ... ]

Car la France n'est pas seule! Elle n'est pas seule! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre est une guerre mon­diale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Le destin du monde est là.

Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui vien­draient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui vien­draient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres.

 

Discours du général de Gaulle, L'appel du 18 juin 1940 radiodiffusé par la BBC.

 

 

TEXTE 7 : Nous, Maréchal de France, chef de l'État français, Décrétons:

 

Article ler — Est regardé comme Juif, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint est lui-même juif.

 

Art. 2 – L'accès et l'exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci-après sont interdits aux Juifs : 1. Chef de l'État, membre du gouvernement, conseil d'État [...] cours d'appel, tribunaux de première instance, justices de paix 2. préfets, sous-préfets 4. Membres de corps enseignants. 5. Officiers des armées de terre, de mer et de l'air.

 

Art. 5 – Les Juifs ne pourront, sans condition ni réserve, exercer l'une quelconque des professions suivantes: Directeurs, gérants, rédacteurs de journaux, revues, agences ou périodiques à l'exception de publications de caractère strictement scientifique.

Directeurs, administrateurs, gérants d'entreprises ayant pour objet la fabrication et la présentation des films cinématogra­phiques; gérants de salles de théâtre et toutes entreprises se rap­portant à la radio-diffusion.

 

Loi portant sur le statut des Juifs, Journal officiel du 18 octobre 1940.

 

  

TEXTE 8 :

Diffuser messages et slogans. J'écoutais le soir dans ma chambre Radio-Londres et je transmettais le lendemain matin les nouvelles aux autres. Mon ami dessinait des pochoirs que nous allions coller sur les établissements publics. C'était des slogans comme : “ France libre. Honneur et patrie. ”

 

Passer en zone libre. Connaissant les relations amicales que j'entretenais avec les filles du préfet de la Côte-d'Or, un garçon m'a demandé si je pourrais obtenir des cartes d'identité pour des soldats ayant fui devant l'invasion allemande, des prisonniers français qui désiraient passer en zone libre... [... ] J'ai commencé à fournir ces faux papiers. Il fallait organiser le franchissement de la ligne de démarca­tion, trouver des points de passage, contacter les hommes et les femmes acceptant de prendre le ris­que, et progressivement, un noyau s'est formé.

 

Travailler avec les Alliés. En fin 42, l'un de nos professeurs me mit en contact avec mon futur chef de réseau récemment parachuté en France Il s'agissait de monter, à destination de l'Angleterre, un réseau d'évasion d'aviateurs alliés et d'agents. J'ai accepté tout de suite [...] Il fallait les nourrir, les vêtir, les héberger, leur donner une carte d'identité, d'alimentation, un laissez-passer et un beau jour les rassembler et les aider à rejoindre l'Angleterre.

 

D'après Jusqu'au bout de la Résistance, Stock, 1997.

 

 

ACTE I, scène 3

 

TEXTE 9 : Il y avait douze wagons pour six cent cinquante per­sonnes. Dans le mien nous n'étions que quarante-cinq, mais parce que le wagon était petit. Pas de doute, ce que nous avions sous les yeux, ce que nous sentions sous nos pieds, c'était un de ces fameux convois allemands, de ceux qui ne reviennent pas, et dont nous avions si souvent entendu parler, en tremblant et vaguement incrédules. C'était bien cela, très exactement: des wagons de marchandises, fermés de l'extérieur, et dedans, entassés sans pitié comme un chargement en gros, hommes, femmes et enfants, en route pour le néant, la chute, le fond. Brusquement, ce fut le dénouement. La portière s'ouvrit avec fracas; l'obscurité retentit d'ordres hurlés dans une langue étrangère et de ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions. Puis tout se tut à nouveau. [ ... ] Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l'air indifférent. À un moment donné ils s'approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d'entre nous en les prenant à part, rapidement: “ Quel âge? En bonne santé ou malade?” et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes. [ ... ] En moins de dix minutes, je me trouvai faire partie du groupe des hommes valides. Ce qu'il advint des autres, femmes, enfants, vieillards, il nous fut impossible alors de le savoir : la nuit les engloutit, purement et simplement. Aujourd'hui pourtant, nous savons que ce tri rapide et sommaire avait servi à juger si nous étions capables ou non de travailler pour le Reich [ ... ] et que deux jours plus tard il ne restait de tous les autres – plus de cinq cents – aucun survivant.

 

Primo Levi, Si c'est un homme, R. Laffont, 1988.

 

 

TEXTE 10 : Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totale­ment rasée par une bombe de la taille d'un ballon de football.

Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventions, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquen­ces politiques et même le caractère indépendant de la bombe ato­mique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie.

Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif, ou l'utilisation intelligente des conquêtes scien­tifiques. [ ... ] Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d'être définitive. Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l'enfer et la raison.

 

Albert Camus, éditorial du journal Combat, © Éditions Gallimard

 

 

ACTE II, Scène 1

 

TEXTE 11 : Le tribunal créé aura qualité pour juger et châtier des personnes qui, [ ... ] soit à titre individuel, soit à titre de membres d'organisations, ont commis l'un des crimes suivants:

 

1. Conjuration visant à la conquête du pouvoir absolu. [...1

 

2. Crimes contre la paix : notamment avoir ourdi, pré­paré, engagé ou conduit une guerre d'agression [...].

 

3. Crimes de guerre : notamment toute violation des lois et coutumes de la guerre : ces violations comprennent sans y être limitées, le meurtre, le mauvais traitement ou la déportation pour des travaux forcés ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l'assassinat ou le mauvais traitement de prisonniers de guerre, le meurtre d'otages, le pillage, la destruction volontaire et sans utilité de villes ou villages [...].

 

4. Crimes contre l'Humanité: notamment le meurtre, l'extermination, l'asservissement, la déportation et autres actes inhumains commis aux dépens de population civile avant ou pendant la guerre ; les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux.

 

Constitution du tribunal militaire international de Nuremberg, octobre 1945.

 

  

TEXTE 12 :

NOUS, PEUPLES DES NATIONS UNIES, RÉSOLUS à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances,

à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fonda­mentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites, à créer les conditions nécessaires au maintien de la jus­tice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international, à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande,

 

ET À CES FINS à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit de bon voisinage,

à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales, à accepter des principes et instituer des méthodes garan­tissant qu'il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l'intérêt commun, à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de tous les peuples,

 

AVONS DÉCIDÉ D'ASSOCIER NOS EFFORTS POUR RÉA­LISER CES DESSEINS.

En conséquence, nos gouvernements respectifs, par l'in­termédiaire de leurs représentants, réunis en la ville de San Francisco, et munis de pleins pouvoirs reconnus en bonne et due forme, ont adopté la présente charte des Nations unies et établissent par les présentes une orga­nisation internationale qui prendra le nom de Nations unies.

 

Préambule de la charte de San Francisco (26 juin 1945).

 

 

TEXTE 13 : Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nou­veau que tout être humain, sans distinction de race, de reli­gion, ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et les libertés de l'homme et du citoyen consacrés par la déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.

Il proclame en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps les principes politiques, économiques et sociaux ci-après :

- Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi.

- Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national doit devenir la propriété de la collectivité.

- [La Nation] garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs

- La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à là culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État.

 

Extraits du préambule de la Constitution de 1946.

 

  

ACTE II, Scène 2.

 

TEXTE 14 : De Stettin, dans la Baltique, à Trieste, dans l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent les capitales de tous les pays de l'Europe orientale : Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia.

Toutes ces villes célèbres, toutes ces nations se trou­vent dans la sphère soviétique, et toutes sont soumises, sous une forme ou une autre, non seulement à l'influence soviétique, mais encore au contrôle très étendu et cons­tamment croissant de Moscou [...]. Les communistes qui étaient les plus faibles dans tous ces pays de l'Est euro­péen, ont été investis de pouvoirs qui ne correspondent nullement à leur importance numérique, et cherchent partout à exercer un contrôle totalitaire. Sauf en Tchécoslovaquie, il n'existe pas dans cette partie de l'Europe, de vraie démocratie [...].

Je ne crois pas que la Russie désire la guerre. Ce qu'elle désire, ce sont les fruits de la guerre et une expansion mitée de sa puissance et de sa doctrine.

 

Discours de Winston Churchill à l'université de Fulton (Missouri), le 5 mars 1946.

 

 

TEXTE 15 : Juste au moment où j'allais m'envoler [pour les États-Unis], les Coréens du Nord pénétrèrent en Corée du Sud; aussitôt, l'aviation et l'infanterie américaines intervinrent. Si la Chine attaquait Formose1, la guerre mondiale éclatait; l'appel de Stockholm recueillit en quelques jours trois millions de signa­tures supplémentaires. Tout le monde parlait de l'occupation de la France par l'Armée Rouge. Samedi Soir titrait : “Faut-il avoir peur ?” et concluait que oui. [ ... ] Après le passage du 36e parallèle par les troupes américaines, après l'entrée d'une armée de “volontaires” chinois en Corée du Nord et le pilon­nage de Pyong-Yang par l'aviation américaine, les États-Unis annoncèrent que la mobilisation était imminente. Mac Arthur2 voulait lâcher des bombes sur la Chine : alors l'URSS interviendrait : on distribua en Amérique cinquante millions de plaques résistant aux radiations qui permettraient d'iden­tifier les victimes. Truman décréta l'état d'urgence.

 

Simone de Beauvoir, La Force des choses (1963), Éditions Gallimard.

1. L'île de Formose (appelée aujourd'hui Taïwan) abrite le gouvernement nationaliste chinois qui a fui devant la victoire communiste de Mao Zedong en 1949.

2. Général en chef des troupes alliées occidentales.

 

  

TEXTE 16 : Il faudrait d'abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le coloni­sateur. à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu'il y a au Viêt-nam une tête coupée et un œil crevé et qu'en France on accepte, une fillette violée et qu'en France on accepte, un Malgache supplicié et qu'en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une récession universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend et qu'au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolé­rées, de tous ces prisonniers ficelés et “ interrogés ”, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l'Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l'ensauvagement du continent.

 

Aimé Césaire (1913), Discours sur le colonialisme, 1950, Présence africaine, 1970, coll. “  Poche ”, p. 11.

 

 

ACTE II, Scène 3. 

 

TEXTE 17 :

“ Toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matérielle­ment impossible. ”

 

Robert Schuman, 9 mai 1950.

 

“Dans le cadre de la communauté des Européens, le Traité réunira côte à côte les deux grandes nations dans une amitié sincère et dans une coopération étroite pour la paix et pour les idéaux des peuples libres de l'Occident. ”

 

Konrad Adenauer, Lettre à R. Schuman, avril 1951.

 

“Ce que nous sommes en train de faire, et ce sera là la mesure de notre réussite, c'est d'éprouver si une autorité librement créée par six nations séparées pendant de longs siècles par leurs souverainetés nationales peut prendre ses décisions dans l'intérêt de ces six nations [...]. C'est la première fois depuis des siècles, que l'Europe est en train de faire cela. ”

 

Jean Monnet, 1955.

 
 

TEXTE 18 : En traçant les mots magnifiques qui forment notre Constitution et notre Déclaration d'Indépendance, les architectes de notre République signaient une promesse dont hérite­rait chaque Américain. Aux termes de cet engagement, tous les hommes, les Noirs, oui, aussi bien que les Blancs, se verraient garantir leurs droits inaliénables à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur. Il est évident aujourd'hui que l'Amérique a failli à sa promesse en ce qui concerne ses citoyens de couleur. [...] Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que le Noir sera vic­time des indicibles horreurs de la brutalité policière. [ ... ] Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d'aller d'un petit ghetto à un ghetto plus grand.

 

Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant que nos enfants seront dépouillés de leur identité et privés de leur dignité par des pancartes qui indiquent : “ Seuls les Blancs sont admis ”. Nous ne pourrons jamais être satisfaits tant qu'un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu'un Noir de New York croira qu'il n'a aucune raison de voter. [ ... ] Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.

 

Martin Luther King Jr, “Je fais un rêve ” Les grands textes du pasteur noir (1987), traduction de Marc Saporta, © Bayard.

 

 

ACTE III, Scène 1.

 

TEXTE 19 : Richard obtient son certificat d'étude en 1947 à 14 ans. Dans leur trois pièces cuisine, sans douche ni salle de bains, les temps sont durs pour la famille (ses parents). Son CAP de serrurier fait de lui en 1950 un ouvrier quali­fié. En 1954, il gagne 20 000 francs. Après son mariage en 1954, sa femme prend un travail [...]. Elle apporte au ménage 35000 francs par mois de quoi acheter le mobi­lier. “ C'est vers 1960 que j'ai senti ma situation s'amélio­rer ”, dit-il. Cette année là, il touche 743 francs par mois et fête un grand événement, sa première voiture, une 2CV achetée d'occasion, à crédit, 3 000 francs. Le frigo et la télé viennent aussi à cette époque. Richard comprend que le crédit lui permet d'améliorer son sort un peu plus vite [...]. En 1970, Richard achète une GS (Citroën) pour 14 000 francs, il en est à 2 000 francs de salaire mensuel. Il découvre avec sa famille pour la première fois les grandes vacances lointaines dans la caravane payée 14 000 francs en 1974. Objectif, le même chaque année: le camping de Narbonne.

 

D'après M. Beaudeux, “Demain la France” , L'Expansion, octobre-novembre 1985.

 

 

TEXTE 20 :

                                   Autrefois pour faire sa cour

                                   On parlait d'amour

                                   Pour mieux prouver son ardeur

                                   On offrait son cœur

                                   Aujourd'hui, c'est plus pareil

                                   Ça change, ça change

                                   Pour séduire le cher ange

                                   On lui glisse à l'oreille

                                   Ah.., Gudule !... Viens m'embrasser... Et je te donnerai

                                   Un frigidaire

                                   Un joli scooter

                                   Un atomizer

                                   Et du Dunlopillo

                                   Une cuisinière

                                   Avec un four en verre
                                   Des tas de couverts

                                   Et des pell' à gâteaux

                                   Une tourniquette

                                   Pour fair' la vinaigrette

                                   Un bel aérateur

                                   Pour bouffer les odeurs

                                   Des draps qui chauffent

                                   Un pistolet à gaufres

                                   Un avion pour deux

                                   Et nous serons heureux

 

Complainte du progrès, chanson créée par Boris Vian en 1955. Le texte en sera publié en 1956 dans Textes et Chansons Editions Julliard.

 


 

TEXTE 21 : La crise qui secoue la France au mois de mai 1968 met à la fois en cause l'organisation économique d'une société industrielle déve­loppée, son système d'éducation et son régime politique. D'où le caractère complexe de la crise et la multiplication de ses aspects.

Il y a les salaires en dessous de 500 francs par mois, les mauvaises conditions de travail, l'aspect archaïque du “ gouvernement des entreprises” ; il y a l'augmentation prodigieuse du nombre des étu­diants, la crise du système éducatif, la création d'une sous-intelli­gentsia, la survivance du “mandarinat” professoral et médical ; il y a l'insolence de la technocratie gaulliste, le refus du dialogue et l'utili­sation abusive des moyens d'information. Il y a aussi — pourquoi ne pas le dire ? — le désir naturel de la jeunesse de rompre avec la bana­lité de la vie quotidienne et de vivre, à son tour, de grands événe­ments autrement qu'à travers les radotages d'anciens combattants.

 

D'après G. Martinet, La Conquête des pouvoirs, Le Seuil, 1968.

 

 

ACTE III, Scène 2.

 

TEXTE 22 : Un morceau du mur de Berlin est tombé cette nuit. Des milliers de Berlinois et d'Allemands de l'Est ont franchi, aux premières heures du vendredi 10 novembre, les divers points de passage entre les deux parties de la ville pour se rendre quelques heures à Berlin-Ouest, où leur arrivée a suscité une gigantesque fête dans le centre-ville et aux abords du mur.

 

Le conseil des ministres est-allemand avait annoncé, jeudi soir, que tout citoyen de RDA pourrait dorénavant emprunter les points de passage le long de la frontière inter-allemande et, à Berlin, sur simple présentation d'un visa délivré à la demande dans les commissariats de police.

 

En attendant l'ouverture des bureaux, le 10 novembre à 8 heures du matin, la police avait reçu l'ordre de lais­ser passer à partir de minuit toutes les personnes munies d'une carte d'identité à tous les points de passage entre les deux Berlin.

 

Annoncée en début de soirée, presque en incidente, à l'is­sue d'une conférence de presse sur les travaux en cours du comité central du Parti communiste est-allemand, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre des deux côtés du mur. Vers 23 heures, des petits groupes, beaucoup de jeunes surtout, ont commencé, côté Est, à converger vers les points de passage, histoire de tâter le terrain [...].

 

À l'heure prescrite, sur simple présentation du livret d'identité bleu, chacun pouvait franchir sans plus de for­malité la ligne de démarcation. Pour qui a connu les cou­loirs du Check Point Charlie, les longs moments d'attente, les fouilles, l'air renfrogné des “Vopos”1 de service, il y avait quelque chose de totalement irréel. Tous les passa­ges étaient envahis de centaines de personnes attendant sagement leur tour, de queues interminables de voitures Trabant et autres Wartburg de fabrication locale.

 

Débordés par le nombre, les policiers se contentaient de faire passer les gens par paquets, sans même, la plupart du temps, jeter un œil sur les documents. “ Il faut bien qu'il y ait un peu de changement là aussi ”, s'exclamait un officier rigolard au Check Point.

 

Henri DE BRESSON, “ Nuit d'allégresse à Berlin ”, Le Monde, 10 novembre 1989.

1. Nom donné couramment aux officiers de la police est-allemande (Volkspolizei).

 

 

TEXTE 23 : La sécurité universelle à notre époque repose sur la reconnais­sance du droit de chaque nation à choisir sa propre voie vers le progrès social, sur la renonciation à l'ingérence dans les affaires intérieures des autres États, sur le respect des autres combiné à une vision objectivement autocritique de notre propre société. Une nation peut choisir le capitalisme ou le socialisme. C'est son droit souverain. Les nations ne peuvent ni ne doivent calquer leur vie sur celle des Etats-Unis ou bien celle de l'Union soviétique. En conséquence, les positions politiques devraient être dénuées de toute intolérance idéologique.

 

M. Gorbatchev, Perestroïka, Flammarion, 1987.

 

 

TEXTE 24 :

Art. 1er - L'Allemagne unie comprendra le territoire de la Répu­blique fédérale d'Allemagne, de la République démocratique allemande et de l'ensemble de Berlin. [...]. L'Allemagne unie et la République de Pologne confirmeront la frontière existante entre elles par un traité [...].

 

Art. 5 – [ ... ] Après l'achèvement du retrait des forces armées sovié­tiques, des unités des forces armées allemandes affectées aux struc­tures d'alliances [...] pourront également stationner sur le territoire de l'actuelle RDA, bien que sans vecteurs d'armes nucléaires. [...]

 

Art 7 – Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'URSS met­tent fin par le présent traité à leurs droits et responsabilités relatifs à Berlin et à l'Allemagne dans son ensemble. L'Allemagne unie jouira, en conséquence, de la pleine souveraineté sur ses affaires intérieures et extérieures.

 

Traité signé entre la RFA, la RDA et les quatre puissances qui ont occupé l'Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, 12 septembre 1990.

 

 

TEXTE 25 : Un terme a été mis à la guerre froide. Le danger d'une guerre nucléaire a pratique­ment été levé. L'Allemagne s'est réunifiée. L'URSS et les États-Unis, les deux super­puissances nucléaires, ont parcouru le chemin qui mène de la confrontation à la coopération et même, en certains cas importants, au partenariat. Un désarme­ment bien réel a commencé. La reconver­sion des industries de guerre a fait ses premiers pas et des choses que l'on croyait impensables sont en train de se réaliser : la coopération s'installe dans ce domaine entre ceux-là mêmes qui furent adversai­res dans la guerre froide.

[Mais] on voit ressurgir des conflits et des revendications qui avaient été gelés dans les banquises de la guerre froide, et des problèmes tout à fait inédits s'accumulent rapidement. On distingue déjà bien des obstacles et des périls sur la voie qui conduit à la paix durable :

- la recrudescence du nationalisme dans différents pays et régions du monde;

- la différence grandissante de niveau et de qualité de développement entre pays “riches” et pays “pauvres”;

- l'accumulation des retombées négatives des anciennes formes de progrès : menace de catastrophe écologique, épuisement des sources énergétiques, explosion démogra­phique incontrôlable.

 

D'après le discours de M. Gorbatchev à Oslo le 5 juin 1991.

 

 

ACTE III, Scène 3.

 

TEXTE 26 : Le terrorisme “ mondial ” n'a pas nécessairement de territoire ou de régions privilégiés. Si les terroristes décident de s'attaquer à des civils, l'ensemble de la planète est concerné. Avec cette forme de terro­risme disparaissent les notions classiques de front et d'arrière, mais aussi les distinctions entre civil et militaire, sinon même entre guerre et paix, dans la mesure où tout devient cible : une base militaire comme un hôtel dans une station balnéaire...

 

D'après S. Rosière, Géographie politique & géopolitique, Ellipses, 2003.

 

 

TEXTE 27 : Selon les accords signés au sein de l'Organisation mondiale du commerce en 1994, le laboratoire qui a découvert un médicament obtient un brevet qui lui permet d'être le seul à le vendre pendant 20 ans minimum. Ces accords sont entrés en vigueur pour les pays en développement en 2005.

Désormais, pour mettre au point des génériques, c'est-à-dire des copies des Médicaments de marque vendues beaucoup moins cher, ils devront attendre 20 ans, comme les pays développés. Cela, même s'il s'agit d'une nouvelle Molécule très efficace pour soigner le sida ou le paludisme, maladies très répandues dans les pays du Sud!

De plus les laboratoires du Nord, qui sont les mieux équipés et à la pointe de la science, ne veulent pas se lancer dans des recherches sur les maladies carac­téristiques des pays pauvres: ce ne sont pas des marchés intéressants. Il y a beaucoup de malades certes, mais pas d'argent pour acheter les médicaments.

 

Dokéo, Comprendre le monde, Nathan, 2005.

 

 

TEXTE 28 : En Europe, les chiffres de l'obésité montrent l'industrie agroalimentaire du doigt. Les géants américains se sont engagés à réduire les portions et le nombre de calories présentes dans les produits vendus aux écoliers. [ ... ]

Avec plus de 30 % de la population en état de sous-nutrition, l'Afrique sub-saharienne demeure le terri­toire de la faim. La crise alimentaire sévit dans la corne de l'Afrique et une partie du Kenya. Les maigres récol­tes céréalières du Mozambique et du Zimbabwe s'avè­rent très insuffisantes. Conditions politiques, faiblesse des échanges, insuffisante maîtrise de l'eau dans des régions exposées aux sécheresses conduisent à la répéti­tion des crises alimentaires.

 

D'après J.-M. Arnat-Rote, Images Économiques du Monde 2007, A. Colin, 2006.

 

  

TEXTE 29 : En 2030, les citadins seront 5 milliards et représen­teront 60 % de la population mondiale. Cette crois­sance aura lieu à 95 % dans les pays pauvres, les villes du monde développé étant déjà passées par cette étape. Dans vingt-cinq ans, les villes des pays du Sud abriteront 4 milliards d'habitants, soit 80 % des citadins du monde. À quoi ressembleront ces villes ? De gigantesques agglomérations rassem­bleront une population qui souffrira de malnutri­tion et de maladies. Les infrastructures seront saturées. Des montagnes de déchets domineront le paysage. Les lieux de travail et d'habitation seront de plus en plus éloignés et les travailleurs passeront des heures pour se rendre au travail. La ville à grande échelle deviendra un cancer qui empêche le développement, plutôt qu'un avantage économi­que. Cette vision sombre n'est pas si éloignée de la situation actuelle. Déjà, un tiers des citadins du monde vivent dans des bidonvilles.

 

D'après G. Dupont, Le Monde, 8 octobre 2006.

 

 

TEXTE 30 :                      

Imagine there's no heaven,
It's easy if you try,
No hell below us,
Above us only sky,
Imagine all the people
living for today...

Imagine there's no countries,
It isnt hard to do,
Nothing to kill or die for,
No religion too,
Imagine all the people
living life in peace...

You may say Im a dreamer,
but Im not the only one,
I hope some day you'll join us,
And the world will live as one.


Imagine no possesions,
I wonder if you can,
No need for greed or hunger,
A brotherhood of man,
Imagine all the people
Sharing all the world...

You may say Im a dreamer,
but Im not the only one,
I hope some day you'll join us,
And the world will live as one.

 

    John lennon, Imagine