Grand corps malade
Fabien Marsaud (né en 1977 au Blanc-Mesnil), alias Grand corps malade, a démocratisé le slam, genre né à Chicago dans les années 1980. Il commence à 15 ans à écrire des textes. Il est victime d'un grave accident, d'où le nom de scène qu'il prendra plus tard, et s'oriente vers la spectacle. En 2003, il slame dans un bar de la place Clichy à Paris. A partir de 2005, il commence à être connu. En 2006, il publie son premier album, Midi 20. Il remporte deux victoires de la musique en 2007.
Mental de résistant
http://www.youtube.com/watch?v=IBSi17jWhqo
S'il y a bien une idée qui rassemble, une pensée qu'est
pas toute neuve
C'est que quel que soit
ton parcours, tu rencontres de belles épreuves
La vie c'est Mister Hyde,
pas seulement Docteur Jekyll
J'ai vu le film depuis
longtemps, la vie n'est pas un long fleuve tranquille
T'as qu'à voir les
réactions d'un nouveau né à l'hôpital
S'il chiale si fort c'est
qu'il comprend que souvent la vie va lui faire mal
Y'a des rires, y'a des
pleurs, y'a des bas, y'a des hauts
Y'a des soleils et des
orages et je te parle pas que de météo
On vit dans un labyrinthe
et y a des pièges à chaque virage
A nous de les esquiver et
de pas calculer les mirages
Mais le destin est un
farceur, on peut tomber à chaque instant
Pour l'affronter, faut du
cœur, et, un mental de résistant.
J'ai des cicatrices plein
la peau, et quelques unes dans mes souvenirs
Y'a des rescapés partout,
j'suis un exemple, ça va sans dire
Ca doit se sentir, faut
pas se mentir, la vie c'est aussi la guérison
Après la foudre, prends
toi en main et redessine ton horizon
Y'a des tempêtes sans
visage où on doit se battre contre le pire
Personne n'y échappe
Rouda c'est pas toi qui vas me contredire
C'est l'ultime épreuve où
tu affrontes la pire souffrance morale
Quand la peine rejoint
l'impuissance pour la plus triste des chorales
J'ai vu des drames à cœur
ouvert j'ai vu des gens qui s'accrochent
Ce qui est bien avec le
drame, c'est que tu le partages avec tes proches
Pour les miens il est
peut-être l'heure de m'arrêter un court instant
Pour les remercier
d'avoir du cœur et un mental de résistant.
La vie est aussi
perverse, ce que tu désires elle l'a caché
Elle te le donnera pas
tout cuit, il va falloir aller le chercher
Du coup ce qu'on a, on le
mérite, au hasard on a rien piqué
Et si t'as pas compris,
va voir mes potes ils vont t'expliquer
Jacky, tu m'as dit que
l'ascenseur social était bloqué
Toi t'es allé chez Otis
et le réparateur tu l'as braqué
Sans craquer, sans
rémission, t'as affronté de vraies missions
Tu m'as montré qu'avoir
du mental, c'est aussi avoir de l'ambition
Y'a pas de chemin facile,
Brahim t'as rien demandé à personne
T'as tout construit de
tes mains et y'a pas que moi que tu impressionnes
Toi Sami t'es notre
moteur parce que tu sais depuis longtemps
Que pour que ca chémar il
faut du cœur et un mental de résistant
Je crois qu'on a tous une bonne étoile sauf que des fois elle est bien
planquée
Certaines même plus que
d'autres, il faut aller les débusquer
Parfois ça prend du temps
quand tu fais trois fois le tour du ciel
Mais si tu cherches c'est
que tu avances, à mon avis c'est l'essentiel
Je fais partie de ceux
qui pensent qu'y a pas de barrière infranchissable
Il faut y croire un peu,
y'a bien des fleurs qui poussent dans le sable
Et' c'est quand tu te
bats qu'il y a de belles victoires que tu peux arracher
Comme se relever avec une
moelle épinière en papier mâché
Je n'apprends rien à
personne, tu es vivant tu sais ce que c'est.
Vivre c'est accepter la
douleur, les échecs et les décès
Mais c'est aussi plein de
bonheur, on va le trouver en insistant.
Et pour ça, faut du cœur
et un mental de résistant.
Ce que vont découvrir petit à petit les cinq sens
Moi, un jour mes parents ont posé leurs valises, alors voilà
Ce sont ces trottoirs qu'ont vu mes premiers pas
Je viens de là où, en bas, ça joue au foot au milieu de la nuit
Je viens de là où on fait attention à la marque de ses textiles
Et même si on les achète au marché, on plaisante pas avec le style
Verlan, rebeu, argot, gros processus de création
Chez nous, les chercheurs, les linguistes viennent prendre des rendez-vous
On n'a pas tout le temps le même dictionnaire mais on a plus de mots que vous
Un D.E.A. de chambrettes, une répartie jamais en panne
Intelligence de la rue, de la démerde ou du quotidien
Appelle ça comme tu veux mais pour nous carotter, tiens-toi bien
On jure sur la tête de sa mère à l'âge de neuf ans
On a l'insulte facile mais un vocabulaire innovant
Je viens de là où nos premiers rendez-vous se passent autour d'un grec
Je viens de là où on aime le rap, cette musique qui transpire
Qui sent le vrai, qui transmet, qui témoigne, qui respire
Je viens de là où y a du gros son et pas mal de rimes amères
Je viens de là où ça choque personne qu'un groupe s'appelle "Nique Ta Mère"
À chacun son territoire, à chacun sa France
Si j'rends hommage à ces lieux, à chaque expiration
C'est que c'est ici que j'ai puisé toute mon inspiration
À chacun son territoire, à chacun sa France
Si j'rends hommage à ces lieux, à chaque expiration
C'est que c'est ici que j'ai puisé toute mon inspiration
Du business illicite et des magouilles à la pelle
Je viens de là où il est trop facile de prendre la mauvaise route
Et pour choisir son chemin, faut écarter pas mal de doutes
Un mec qui saigne dans la cour d'école, c'est une image hebdomadaire
Je viens de là où trop souvent un paquet de sales gamins
Trouvent leur argent de poche en arrachant des sacs à main
Mais aussi avocat, fonctionnaire ou cadre supérieur
Surtout te trompe pas, j'ai encore plein de métiers sur ma liste
Évite les idées toutes faites et les clichés de journalistes
Moi, c'est l'absence de bruits et d'odeurs qui me dérange
Je viens de là où l'arc-en-ciel n'a pas six couleurs mais dix-huit
Je viens de là où la France est un pays cosmopolite
J'ressens vraiment ce truc-là, c'est pas de la démagogie
On n'a pas le monopole du mérite ni le monopole de l'envie
Mais de là où je viens c'est certain, c'est une bonne école de la vie
On croit souvent qu'on nous aime pas mais c'est p't-être pas complètement faux
Il faut voir à la télé comment on parle de là où je viens
Si jamais j'connaissais pas, j'y emmènerais même pas mon chien
À chacun son territoire, à chacun sa France
Si j'rends hommage à ces lieux, à chaque expiration
C'est que c'est ici que j'ai puisé toute mon inspiration
À chacun son territoire, à chacun sa France
Si j'rends hommage à ces lieux, à chaque expiration
C'est que c'est ici que j'ai puisé toute mon inspiration
Je viens de là où des gens naissent, des gens s'aiment, des gens crèvent
Tu vois bien, de là où je viens, c'est comme tout endroit sur Terre
C'est juste une petite région qu'a un sacré caractère
J'sais pas pourquoi mais c'est comme ça, on est tous un peu chauvin
J'aurais pu vivre autre chose ailleurs, c'est tant pis ou c'est tant mieux
C'est ici que j'ai grandi et que je me suis construit
Je viens de la banlieue
A l'école de la vie
https://www.youtube.com/watch?v=_wQFEyMGIYU
J'y suis entré tout petit sans le savoir, comme tout le monde
Derrière ses murs, j'ai grandi et j'ai observé chaque seconde
J'y suis entré naturellement, personne m'a demandé mon avis
J'ai étudié son fonctionnement, ça s'appelle l'école de la vie
Faut savoir qu'ici tout s'apprend, les premières joies et les colères
Et on ne sort jamais vraiment de cet établissement scolaire
A l'école de la vie, y'a des matières obligatoires
Et certains cours sont en option pour te former à ton histoire
La vie démarre souvent avec le prof d'insouciance,
Il est utile, il t'inspire et puis il te met en confiance
Mais juste après vient le cours des responsabilités,
Tu découvres les maux de tête et les premiers contrôles ratés
Le cours de curiosité est un passage important,
En le comprenant assez tôt, j'ai gagné pas mal de temps
Puis j'ai promis que je m'inscrirai dans le cours de promesse...
Mais j'ai parfois été fort dans le cours de faiblesse
A l'école de la vie, tout s'apprend, tout s'enseigne,
Tout s'entend, on s’entraîne, des matières par centaines,
C'est l'école de la vie, j'ai erré dans ses couloirs,
J'ai géré dans ses trous noirs, j'essayerai d'aller tout voir
En cours de grosse galère, j'ai eu quelques très bonnes notes,
C'est ce genre de résultats, qui te fait connaitre tes vrais potes
Ça m'a donné des points d'avance et une sacrée formation
Pour le cours de prise de recul et celui d'adaptation
Je me souviens du cours d'espoir, j'avais des facilités,
A moins que je ne confonde avec le cours de naïveté
Puis il y avait une filière mensonge et une filière vérité ;
J'ai suivi les deux cursus, chacun à son utilité
En cours de solitude, j'avais un bon potentiel,
Se satisfaire de soi même est un atout essentiel
Mais j'aime bien aussi l'ambiance qu'il y avait dans le cours de bordel,
J'ai vite compris que l'existence se conjugue mieux au pluriel
C'est qu'en cours d'humanité j'ai eu deux très bons professeurs,
On a eu des travaux pratiques tous les jours, moi et ma sœur
J'espère que petit à petit, j'ai bien retenu leurs leçons
Et qu'à l'école d'une autre vie, je transmettrai à ma façon
A l'école de la vie, tout s'apprend, tout s'enseigne,
Tout s'entend, on s’entraîne, des matières par centaines,
C'est l'école de la vie, j'ai erré dans ses couloirs,
J'ai géré dans ses trous noirs, j'essayerai d'aller tout voir
En cours d'histoire d'amour, j'ai longtemps été au fond de la classe,
Le cul contre le radiateur, j'ai bien cru trouver ma place,
Mais en pleine récréation, alors que je n'attendais rien,
J'ai reçu ma plus belle leçon et le prof m'a mis très bien
Au cours de liberté y avait beaucoup d'élèves en transe,
Le cours d'égalité était payant, bravo la France
Pour la fraternité, y'avait aucun cours officiel,
Y'avait que les cours du soir, loin des voies institutionnelles
Alors on saigne, on cicatrise,
On se renseigne, on réalise
Les bons coups et les bêtises
On salit, on se divise
Moi pour comprendre l'existence un peu plus vite ou un peu mieux,
J'ai choisi le cours d'enfance en ville, j'ai même pris l'option banlieue
Reste qu'en cours de bonheur, le prof était souvent malade,
On s'est démerdés tous seuls, on a déchiffrés ses charades
Autodidacte en sentiments, y'aura pas d'envie sans piment
Dans mes cahiers en ciment, moi j'apprends la vie en rimant
A l'école de la vie, tout s'apprend, tout s'enseigne,
Tout s'entend, on s’entraîne, des matières par centaines,
C'est l'école de la vie, j'ai erré dans ses couloirs,
J'ai géré dans ses trous noirs, j'essayerai d'aller tout voir
Le blues de l’instituteur
Avancer dans le calme je sais que vous en êtes capables,
Asseyez tranquillement, chacun sa place, ça y est,
Écoutez-moi mais ce matin, n'ouvrez pas vos cartables.
On va pas faire de grammaire, de géométrie et de conjugaison.
On parlera pas de compléments d'objet et encore moins de Pythagore.
Ce matin pas de contrôle et personne n'aura raison.
Aujourd'hui aucunes notes et personne aura tort.
J'ai mal quand je vois le monde et les Hommes me font peur.
Les enfants expliquez-moi, moi je ne comprend plus rien.
Pourquoi tant d'injustice, de souffrance et de malheurs.
Hier soir une fois de trop j'ai allumer la télévision,
Sur les coups de 20H, c'était les informations.
Et tout à coup dans la pièce s'est produit comme une invasion,
De pleurs et de douleurs, c'était pire qu'une agression.
Hier soir l'actualité comptait beaucoup plus de morts,
Que de cheveux sur le crâne de Patrick Poivre d'Arvor.
C'est comme tous les jours un peu partout sur Terre.
Je crois qu'il fait pas bon vivre au Troisième millénaire.
Des soldats s'entretuent sans même savoir pourquoi.
S'ils s'étaient mieux connus, ils pourraient être frères.
Mais leur président se sentait les plus forts c'est comme ça.
Et puis il y a toutes ces religions qui prônent chacune l'amour,
Mais qui fabriquent de la haine, des assassins, des terroristes.
Pour telle ou telle croyance, des innocents meurent chaque jour,
Tout ça au nom de Dieu, on sait même pas s'il existe.
Les enfants, on vous laisse l'Humain en sale état,
Il faut que vous le sachiez alors aujourd'hui j'essaie.
Les certitudes des grandes personnes provoquent parfois des dégâts.
En fait l'adulte est un grand enfant qui croit qu'il sait.
J'ai mal au ventre les enfants quand je vois l'argent mis dans les armes.
Dans les fusées, les sous-marins et dans les porte-avions.
Pendant que des peuples entier
manquent d'eau, comme nos yeux
manquent de larmes.
Et voient leur fils et leur filles mourir de malnutrition.
Les homme ont pollués l'air et même pourri la pluie.
Quand tu auras plus d'eau nulle part, faudra garder le sourire.
Et même l'odeur des forêts sera tombée dans l'oubli.
Les enfants vous savez ce que c'est des ressources naturelles,
Si vous savez pas c'est pas grave de toute façon y'en a presque plus.
Les mots humain et gaspillage sont des synonymes éternels.
L'écologie à l'école serait pas une matière superflue.
Et bientôt sur notre planète on va se sentir à l'étroit.
L'enfant est un petit adulte qu'il sait qu'il croit.
J'ai un peu cassé l'ambiance mais je voulais pas vous faire peur.
Ce que je veux vous faire comprendre c'est que je compte sur vous,
Ne suivez pas notre exemple et promettez moi un monde meilleur.
Allez courir dans la cour, défoulez-vous, profitez-en.
Criez même si vous le voulez vous avez ma permission.
Surtout couvrez-vous bien, dehors il y a du vent.